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Je mange ce qui me réussit (Flammarion)

Des conseils pour repérer ses intolérances alimentaires et prendre soin de son intestin, dont le mauvais fonctionnement est à l’origine de nombreuses maladies chroniques : maux de ventre, migraines, boulimie, tendinite, affections ORL, etc. L’ouvrage indique où tester ses intolérances, comment en interpréter les résultats et adapter son régime.

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  • Auteur : Docteur Roger Mussi
  • Thème : Bien-être
  • Collection : Flammarion Documents et Essais
  • Parution : 11/03/2015
  • Format : 24 x 16 cm
  • Prix : 19,90 €

 

 

 

 

Préface du livre Parle à mon ventre ma tête est malade (Grancher)

  • Auteur : Maud GABRIEL & Dimitri JACQUES (Préface du Dr Roger MUSSI)
  • Thème : Bien-être
  • Édition : Grancher
  • Parution : 09/03/2022
  • Format : 21 x 14 cm
  • Prix : 15 €

Préface (retranscription intégrale)

Nous sommes en 2021 et il y a probablement dans le monde autant, sinon plus, d’études et de recherches sur le microbiote que sur la Covid-19 ou sur la mise au point d’un vaccin contre ce rétrovirus. On imagine donc, à juste titre, l’importance majeure qu’exerce le microbiote sur toutes les fonctions de l’organisme, qu’elles soient d’ordre métabolique ou qu’elles concernent la sphère cérébrale. Ces recherches avivent notre impatience à découvrir les mystères et facettes encore inconnus du fonctionnement de notre organisme et des trésors de connaissance cachés dans nos entrailles, qui vont, à n’en pas douter, bouleverser profondément les moyens de traiter nos maladies.

Depuis quelques années déjà, les expériences princeps sur les souris nous avaient étonnés, laissant promettre des avancées thérapeutiques exceptionnelles. Constater que des souris axéniques (stériles et sans microbiote), terrorisées, prostrées, craintives, se mettant à l’écart de leurs comparses actives et joyeuses, puissent rejoindre le groupe et se resocialiser sitôt injecté le microbiote de l’une d’entre elles, avait de quoi surprendre. Le fait que des souris obèses à qui l’on transfère le microbiote de souris maigres se mettent à maigrir ou inversement ne laissait plus planer aucun doute. Le microbiote devenait une voie royale de recherche.

Après ces premières études et bien d’autres qui suivront, il y a de quoi s’interroger sur l’importance du rôle joué par ce qu’on avait coutume d’appeler la flore intestinale, renommée depuis microbiote intestinal. Dernièrement, l’utilisation chez l’humain de la transplantation fécale de microbiote d’un sujet sain à un patient souffrant d’une colite à Clostridium difficile résistante à tous les antibiotiques ne fait que confirmer l’extraordinaire pouvoir curatif du microbiote, véritable organe jusqu’alors si mal connu et mésestimé. Son étude est donc, à n’en pas douter, une réserve infinie de progrès scientifiques dans les
années à venir.

Cela dit, la question principale qui se pose à tout thérapeute soucieux d’améliorer l’état de santé de son patient est de déterminer quels sont les facteurs qui modifient ce microbiote. Nous savons depuis longtemps que le cerveau joue un rôle essentiel sur la santé intestinale et vice-versa, l’intestin devenant pour beaucoup un deuxième cerveau. L’axe intestin-cerveau fonctionne bien dans les deux sens, Dimitri nous le rappelle avec précision, l’histoire poignante de Maud ne faisant que le confirmer tout au long de l’ouvrage. Anorexique, mais, nous dit-elle d’entrée, avec « toujours ce ventre douloureux et ballonné, un détail considéré comme purement psychosomatique.
C’est dans la tête, paraît-il », réitéré à maintes reprises par le personnel soignant, confirmant la prépondérance quasi hégémonique exercée, jusqu’à récemment, par le fait psychique sur notre santé intestinale.

Les choses ont bien changé et nos deux auteurs, si j’ose une comparaison empruntée au tennis, nous gratifient d’une extraordinaire partie de double mixte où alternativement chaque échange ou paragraphe claque comme un ace, coup de fouet asséné à la bien-pensance médicale. Le binôme fonctionne à merveille et, grâce à lui, il nous est permis de mieux comprendre les relations complexes unissant l’intestin et le cerveau, plus particulièrement comment l’intestin est capable d’influencer le cerveau. Ne pas envisager qu’un désordre considéré comme psychiatrique ou proche de l’être puisse trouver son origine dans l’intestin n’est plus une simple erreur ou un oubli, mais est en passe de devenir une faute.

L’autre point fondamental qui apparaît ici, je l’avais évoqué dans mon propre livre il y a quelques années, est enfin la compréhension que notre microbiote intestinal ne subit pas seulement les outrances de notre cerveau et de notre stress. Le chaînon manquant que j’évoquais alors était et demeure celui de l’alimentation, mais pas de n’importe quelle alimentation. À ce jour, tous les grands spécialistes du microbiote, toutes spécialités médicales réunies, considèrent l’alimentation comme un point fondamental nécessaire à son équilibre. Ce point est acquis et c’est tant mieux ! Mais un questionnement persiste, allant dans le même sens : quels sont les aliments qui favorisent un bon microbiote ? La réponse est consensuelle: une alimentation riche en fibres, principalement riche en fruits et légumes, qui va fournir les matériaux nécessaires aux bonnes bactéries, lesquelles produiront ensuite les nutriments indispensables au bon fonctionnement de notre organisme.

Le problème est que l’on évoque rarement ce qui, dans l’alimentation, est susceptible de perturber et de désorganiser le microbiote intestinal, lui faisant perdre notamment sa grande diversité, à l’origine de cette fameuse dysbiose unanimement reconnue et décrite dans cet ouvrage. Certes, il sera toujours évoqué, pour ne citer que les principaux facteurs, la pollution, les perturbateurs endocriniens, les toxiques, les maladies gastro-intestinales, les médicaments, au premier rang desquels on trouve les antibiotiques, les anti-inflammatoires, les antiacides, les laxatifs et les psychotropes. Pour ces derniers, Maud sait
parfaitement ce dont on parle, tant il lui a été long et difficile de s’en débarrasser.

Oui, ces facteurs sont délétères pour notre microbiote, source d’une hyperperméabilité intestinale dont Dimitri nous rappelle les principes et la physiopathologie. Mais ce que beaucoup oublient ou veulent ignorer, c’est le rôle pathogène que jouent les intolérances alimentaires ou allergies de type 3 semi-retardées ou retardées, médiées par les immunoglobulines de type G (IgG), sur la survenue de cette hyperperméabilité intestinale, elle-même à l’origine de nombreuses pathologies métaboliques, endocriniennes et psychologiques. Non pas que ces allergies ou intolérances soient la cause de ces maladies, mais elles en assurent, sur un terrain fragilisé, parfois génétiquement prédisposé, peut- être le déclenchement, mais assurément l’entretien.

Le cas de Maud, admirablement exprimé, en est un exemple criant, comme beaucoup d’autres patientes et patients dont j’ai eu la charge depuis près d’une vingtaine d’années. Son anorexie était intimement associée à son ventre – « en ce qui me concerne, ce sont les intestins qui me font le plus souffrir », clame-t-elle –, donc à son microbiote, et la souffrance de ce dernier était indubitablement liée à certains aliments, dont le gluten. Maud souffrait probablement depuis longtemps d’une sensibilité au gluten non cœliaque, facilement détectable à condition de pratiquer les tests adéquats aux IgG, ce qui n’est pas le cas en France actuellement, la référence officielle et régnante en matière d’allergie restant le dosage des IgE. Pourtant, un certain Claude Bernard disait : « Quand le fait qu’on rencontre ne s’accorde pas avec la théorie régnante, il faut accepter le fait et abandonner la théorie. » Ignorer le rôle pro-inflammatoire et pathogène des complexes antigène-anticorps IgG d’origine alimentaire, c’est assurément la grande erreur, tout au moins le grand oubli. Il est indéniable que, pour un individu donné, certains aliments non tolérés, responsables d’une hyperperméabilité de la muqueuse intestinale, sont bien à l’origine de pathologies chroniques à plus ou moins long terme.

Nous devons à présent accepter l’idée d’une alimentation personnalisée. Il n’y a pas de bon ou de mauvais aliments pour tout le monde, il y en a des bons ou des mauvais pour chaque individu. Pour chacun des patients soupçonnant certains aliments d’être en partie la cause de leurs souffrances, je m’obstine à leur expliquer que je n’ai aucun a priori systématique contre un aliment, mais que j’ai un doute sur tous. La nutrition officielle érige et impose en dicton :« Il faut manger de tout, varié et équilibré. » Rien à redire évidemment sur le « varié et équilibré », en revanche le « de tout » est souvent faux pour un individu pris isolément. Pour cette nutrition conventionnelle, l’aliment bénéficie à ses yeux d’une forme d’immunité nutritionnelle, une tolérance érigée en règle, qui ne correspond aucunement à la réalité et à notre expérience de plus de vingt ans. Il n’est pas une semaine sans que nous n’entendions au moins une fois : « Docteur, vous avez changé ma vie ».. Comment? Simplement en modifiant l’alimentation et surtout en la personnalisant. Souvent nous soulageons, parfois nous guérissons les maux de nos patients en modifiant leur alimentation, par éviction, même transitoire, de certains aliments pourtant reconnus comme excellents. Difficile à faire admettre à nos soignants mais aussi à nos dirigeants, confrontés à la puissance de l’industrie agro-alimentaire et aux intérêts économiques – mais c’est un autre débat. Maud l’a bien compris, peut-être un peu tard, à ses dépens : « Me résigner au discours médical officiel paraissait inconcevable. »

Tout est dit ou presque, et il faut chaudement remercier Maud et Dimitri d’éclairer un pan obscur de la médecine. La longue histoire tourmentée de Maud, devenue aujourd’hui naturopathe, ses souffrances, son témoignage poignant et saisissant, ainsi que l’expérience de psychonutritionniste de Dimitri, sa grande compétence sur des sujets concernant la micronutrition, nous confirment une chose : la médecine nutritionnelle devrait opérer un virage en délaissant quelque peu l’uniformisation de ses propositions au profit d’une personnalisation de celles-ci. Un nouveau paradigme en quelque sorte, où l’individu, dans la plénitude de sa santé, de son individualité mais aussi dans ses souffrances les plus profondes et intimes, physiques et psychiques, retrouve enfin une place de choix, centrale, dont on l’a quelque peu dépossédé.

Dr Roger MUSSI
Spécialiste en Immuno-nutrition, ancien kinésithérapeute et médecin ostéopathe,
il a diagnostiqué et traité les intolérances alimentaires de plus d’un millier de patients.
Auteur du livre « Je mange ce qui me réussit» aux éditions Flammarion.